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Mots de poche.

Mots de poche.
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Mots de poche.
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11 décembre 2010

J'voudrais dire les choses belles.La beauté se


J'voudrais dire les choses belles.
La beauté se perd, s'abime. Elle traine le soir dans les bars et finit égratignée. Amochée.

La beauté s'abime, oui, la beauté s'abime.

Les lettres ne sont plus rondes. Les syllabes bégayent.

Tu vois, on se dit des mots, doux, durs, sals, drôles. Mais c'est comme quand on parle sous l'eau : la bouche s'entre-ouvre et il ne ressort que des bulles d'air. Du vide. Des échos.
Notre langue est illéttrée.

Le ciel est devenu vulgaire. Il se grise. Il crache. Agression de sons.

On ne sait plus être beau, non, on ne sait plus être beau.

On se déguise vaguement sous tels ou tels masque. On se dessine précipitamment du regard. Mais on ne voit pas. Le vrai ne se regarde plus. Il a honte. L'apparent est sur le devant de la scène. On communique, mais on ne se parle pas.
La lumière se fait la belle. Et sous les projecteurs, nous, on est laid. L'esthétisme a pris du ferme. L'informel nous rit au nez. C'est trop tard, c'est entre quatre murs ; on ne peut plus rien y faire. Fin. Un langage qui ne s'amorcera plus.
J'voudrais dire les choses belles. J'voudrais te dire les choses belles. Je voudrais te dire tant de choses.


Lousie_les_mots


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11 décembre 2010

"Des millions d'êtres humains rêvent d'une

"Des millions d'êtres humains rêvent d'une vie éternelle; et s'il pleut le dimanche après-midi, ils ne savent pas quoi faire."

[Suzan Ertz]


lousie_dimanche_sans_scanner

C'est dimanche soir, et c'est l'heure où je me sens un peu assiégée. C'est l'heure où il fait froid dehors, où la ville, sous sa robe blanche, se sent coquette, scintillante, parée de lumières bourdonnantes partout sur son gros ventre. C'est dimanche soir, et c'est la dernière semaine de novembre qui s'use, qui se consume, qui s'ennuie encore pour quelques secondes. C'est dimanche soir, et c'est ce moment là, où le temps, mal luné, inconfortable, tourne en rond. Il s'énerve, s'emporte, se répète. Il manque de conversation, m'intimide, et fait s'embrouiller, mon futur, mon passé.
C'est dimanche soir, et c'est l'heure où je remets tout en cause. Comme si j'attendais sagement la fin de semaine, à la manière d'un rituel solennel, pour laisser s'envoler, s'élimer, les jours, les mois, les années. Pour changer l'ordre, la place des choses. Les signaux. Les dimensions.
Et puis, ridiculement, pitoyablement, c'est l'heure où j'me sens l'âme poétique. Comme si ce soir de semaine avait le pouvoir de sacraliser mes émotions. C'est dimanche soir, et c'est l'heure où j'tricote avec mes sentiments, mes sensations. Où les mots, comme des aiguilles, s'entrechoquent et se titillent, se font, se défont, se confondent. Des pelotes de regrets et de remords.
C'est dimanche soir, et c'est l'heure où je trouve la ville triste.
C'est dimanche soir, il fait noir. Et c'est l'heure où je rends mes amours.


8 décembre 2010

"On ne peut jamais savoir ce qu'il faut


kundera"On ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir car on n'a qu'une vie et on ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures. Il n'existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne car il n'existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la première fois et sans préparation. Comme si un acteur entrait en scène sans avoir jamais répété. Mais que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est déjà la vie même ? C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse. Mais même "esquisse" n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose, la préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie n'est l'esquisse de rien, une ébauche sans tableau. Une fois ne compte pas, une fois c'est jamais. Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout".

L'insoutenable Legerté de L'Etre, Kundera.


8 décembre 2010

Fragilisons nos êtres, tapons nous, brusquons

Fragilisons nos êtres, tapons nous, brusquons nous. Dans cet étalage de rien, de léthargie et de non- sens, enfonçons nous, enfonçons nous. Trinquons à la santé du vide, à la santé des vertus ciselées. Violons-nous, violons nos consciences. En toutes circonstances. En toute impunité. Martelons nous de connerie, allez ! Montrons-nous ce que nous avons dans le ventre. J'veux du brusque et de l'inutile, emmurés dans nos armures. Du mal-saint et du puéril, dites moi la bonne aventure. Soyons sals, hypocrites, lâches et défectueux. Comme de mauvaises machines, rouillées par un acide vicieux. Enervons nous, énervons nous, tant qu'on tient encore debout. Pour le plaisir. L'ingénuité. Et les menottes à nos poignets. Embourbons- nous dans l'amnésie, dans la complaisance du désespoir, dans la maladresse de nos folies, chemins désabusés, minés, dans notre monstrueuse peur du noir. Ridiculisons nous, à danser en plein jour, à provoquer le temps, l'horloge et ses contours. I n v i n c i b i l i t é. Décharnons- nous de nos êtres, amputons tout sentiment, émasculons tout mal- être, mutilons tout ressentiment. La poésie claque, s'emballe. Dépouillons-la. Agressons-la. Crucifions la simplicité, et puis la beauté du vrai. Tatouons nous l'image du vice, trouons nos hontes. Aux bords de nos précipices, creusons nos tombes. C'est à celui qui crachera le plus loin. Alors allons-y. Faisons nous détestable et sans cœur, sans ambition. C'est les symptômes de notre génération.

jeunesse

8 décembre 2010

Un éclair, une passade.C'est le matin, et je ris,

Un éclair, une passade.
C'est le matin, et je ris, je parle je vis, puisque c'est ce que je sais le mieux faire, de toute façon, du haut de mon inconscience et de mes belles certitudes. Septembre se meure doucement sous nos rengaines, nos éclats, il est déjà 17 printemps, et je m'en fou, et on est bien. C'est là.
Un éclair, une passade.
Une buée, d'un seul coup s'installe. Un coup de givre dans mes articulations. De la glace aux bouts des doigts. Vos gestes autour de moi ralentissent, comme s'il y avait un coup d'anesthésie dans l'air. Vos paroles se disloquent. Tous vos faits, vos dires, ne sont désormais pour moi qu'une vulgaire bande sonore qui fait office de musique de fond : je vous entends mais je ne vous écoute plus. J'en veux soudain aux autres autour : aux connus, aux inconnus, aux gens de passage ; et puis finalement, c'est bien simple, parfaitement à tout le monde. Je vous en veux de rire, je nous en veux de nos éclats.
Au bout du cerveau là, c'est glacé, ca titille, ca gratte, ca démange. C'est une question, en fait, la base de tout ce bazard. Une question qui s'accouche soudain dans ma cervelle sans demander la permission. Une question qui fait peur et qui me paralyse :
comment peux- tu ne plus être ?

Puis l'éclair passe, et on se surprend à continuer de vivre. Et on se surprend à prendre du plaisir à continuer de vivre. On s'arrange pour que la question se fasse toute petite, on la range dans un coin de notre tête. Et on fait. Comme avant.
Merde. Avant quoi ? Alors, il y a un avant, un après ? Avant que la vie soit injuste ? Après, quand on nage dans l'absurdité de nos existences ? Dans tous ces brouillages temporelles, ne me vient à l'esprit qu'une seule chose : quel est le sens, alors, de tous ces beaux mots qu'on nous dicte à l'école, ces morales, ces règles de vie. A quoi ca sert, puisque l'existence semble elle même déréglée, cassée, irréparable. Un homme est mort. Un homme qui devait vivre. C'est tout ce que mes yeux voient pour le moment. Elle se fou un peu de nous, l'existence ; elle nous enseigne une bonne conduite, elle nous dit d'apprendre tel ou tel concepte, et puis elle balance comme ca, d'un seul coup, tout rond, tout son non- sens, sa saleté.
Un éclair, une passade.
Ca fait pas grand chose, comme une piqure, un picottement. Un espace dans ma chaire qui se constitue, et puis soudain qui s'infecte. La mort m'infecte.
Je comprends que les gens, par frousse, s'invente un Dieu, un mythe, une fiction, ne pouvant concevoir que les êtres disparaissent comme cela, pour ne plus jamais exister. Oui je le comprends. Mais je n'y crois pas. Je n'y crois pas parce que si c'était vrai, qu'un monsieur tout là haut, là, existe, il aurait fait quelque chose. Il se serait bougé et il aurait fait en sorte qu'une telle tragédie ne se produise pas. A moins d'un sacré toupet, il t'aurait sauvé, il t'aurait donné une chance de pouvoir aimer, encore, de pouvoir rire, parler, de pouvoir t'en foutre du temps qui passe. Mais au lieu de ca, t'es parti sans bruit, sans presque laisser d'emprunte. Sans remous.
La vie n'est qu'un déreglement continuel. Un tunnel par lequel on passe, dans lequel on essaye de croire. Peine perdue.
C'est le matin, et je ris, je parle je vis, puisque c'est ce que je sais le mieux faire, de toute façon, du haut de mon inconscience et de mes belles certitudes. Oui. Mais je suis en colère, contre tout ce qu'on nous a fait croire, contre les livres, les histoires, les possibles. Y'a pas de poésie, de magie. Non. Y'a juste la vie, la mort. Et ta mort dans nos vies.

lousie_picasso

B.



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7 décembre 2010

Mots de Poche.* Tous les dessins de ce blog sont


Mots de Poche.*  

Tous les dessins de ce blog sont de l'artiste Lousie.

Lousie_acceuil


L'ennui et la mort s'épanouissent dans l'ensemble, dans le globale, dans le bruit de la foule. Moi, les grandeurs me rendent nostalgique, malade. Elles m'appauvrissent. Car la poésie nous apprend que la splendeur, l'espoir, le vrai, se trouve dans le détail. Oui, le détail nous transcende, de part sa petitesse, sa rareté, son inutilité. L'inutile et l'intouchable sont les seules choses concrètes de nos vies. Sur ton lit de mort, tu ne te souviendra pas du nombre de zéro sur ton compte en banque, ou bien de la dimension de ton écran plasma, non. Tu te remémorera les moments où l'inutile t'as embrassé avec chaleur, le moment où tu as su capturer le détail. Le voir. Le ressentir. L'apprécier. Car les plus grandes lumières se trouvent toujours dans les plus petits sourires.


Bienvenue.

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